dimanche 13 mai 2012

12 mai 2012 : Séville



La cathédrale : la porte du Pardon



La Giralda : l'ancien minaret devenu clocher de la cathédrale


Samedi 12 mai 2012
Comme à Cordoue, à tout bien, tout honneur et notre première visite est pour la Cathédrale. Là encore, on n’a pas voulu faire dans la simplicité et les initiateurs du projet ont clairement indiquer leur objectif : « bâtissons une église si grande que ceux qui la verront nous prendront pour des fous » ont-ils déclaré au moment de lancer les constructions, en 1401. Et là, contrairement à Cordoue, ils n’ont pas eu de pitié pour la mosquée qui existait et l’ont démolie à l’exception du minaret qui est devenu la Giralda. Avec une longueur de 126 mètres, une largeur de 83 mètres et une hauteur de 37 mètres, les initiateurs du projet ont atteint leur objectif et en ont fait, d’après le livre Guiness des records, la plus grande cathédrale du monde. Et c’est vrai que, lorsque l’on entre, on ne peut manquer d’être impressionné par la taille et la hauteur de l’édifice. Le centre est occupé, comme à Cordoue, par  la Capilla Mayor, malheureusement fermée au public pour rénovation (décidément, nous jouons de malchance) et le Coro. Nous sommes à la croisée de l’art baroque du XVIème siècle et des débuts de la Renaissance. Le pourtour du monument est occupé par une kyrielle de chapelles décorées d’œuvres du XVème au XVIIIème siècles. Dans cet ensemble un peu éclectique, mal présenté et caché par des grilles en fer forgé qui interdisent l’entrée de chaque chapelle, nous notons deux belles céramiques de l’école de Della Rubia, des fonds baptismaux en marbre, quelques œuvres, qui nous marquent guère, de Murillo et de Zurbaran, un autel tout en argent avec ses anges et son lutrin, et d’innombrables vierges « couronnées de soleils, la lune à (leurs) pieds ». Comme à Cordoue, il y a un trésor. Il déborde de pièces en argent du XVIème siècle, dont un ostensoir de près de 4 mètres de haut et quelques beaux tableaux dont un Sainte Juste et Sainte Rufine de Goya de bel facture (notamment par sa précision tant dans le dessin que dans la forme).
Notre visite ne serait pas complète si nous ne montions pas en haut de la Giralda. Il s’agit du minaret de la mosquée, construit quelques temps après la Koutoubia et sur son modèle, surmonté de cloches et d’une girouette (giralda en espagnol).
D’en haut, on a une très belle vue sur le centre de la ville, avec ses maisons blanches chaulées que l’on croiraient venues tout droit du Maroc si ce n’était leur sol en carrelage rouge.
Nous terminons notre visite de la cathédrale en traversant le jardin des orangers, destiné, du temps de la mosquée, aux ablutions des musulmans avant d’entrer dans le lieux saint et, comme à Cordoue, nous sortons par la Puerta del Pardon, encore plus belle ici qu’à Cordoue si ce n’est quelques statues de St. Pierre et St. Paul venues incongrument se mélanger aux motifs musulmans.
Nous sommes dans un des quartiers touristiques de Séville (le bario Santa Cruz) et nous nous arrêtons dans un restaurant indiqué par nos guides où nous faisons un très bon et très copieux repas avec 2 vases de gazpacho (2 vaso gazpacho), 1 jarre de Sangria (1 jarra Sangria), des Alains variés (1 Variado de Alinos), des crevettes à l’ail et de la morue (bacalao)..
Il est 16 heures ; il fait très chaud et nous rentrons au frais dans notre hôtel avant de repartir vers la cathédrale, cette fois-ci pour la messe, à 20 heures. Pour nous, elle commence par un mariage, ou mieux la fin de la cérémonie d’un mariage, plutôt chicos, les hommes habillés en queue de pie, et la mère du marié habillée en  andalouse avec sa coiffe traditionnelle, une mantille surmontée d’un peigne. Quant à la messe elle-même, nous n’avons pas trop de problème pour l’appréhender (je n’ose pas dire la comprendre) et c’est l’avantage de l’espagnol par rapport au coréen.
A la sortie de la messe, sur l’Avenida de la Constitucion, manifestent les indignés, avec banderoles et slogans (« il faut transformer l’indignation en révolution » ou « se résigner est un suicide quotidien », citation attribuée à Balzac ???). En tout cas, l’avenue est noire de monde et c’est la première illustration  que nous voyons depuis le début de notre voyage que le pays traverse une crise économique sérieuse. Internet nous apprendra ce soir qu’au total ces manifestations se sont produites dans 80 villes en Espagne, rassemblant quelques centaines de milliers de manifestants.
En rentrant de notre dîner (en plein air sur une place), nous croisons un autre défilé tout aussi spectaculaire. En effet, précédé d’une fanfare aux accents martiaux et graves, arrive, dans des rues déjà pleines de piétons et de dineurs,  le char portant San José de la Montana, patron d’une petite école catholique de Séville. Il avance lentement, porté par 30 hommes, tous cachés par une toile, sous le char. Nous sommes à un angle de rues et il s’agit pour eux de faire un quart de tour sans accident, car nous imaginons que le char peut bien peser entre 500 et 700 kgs. C’est donc avec la plus grande prudence et la plus grande attention que nos porteurs, dont on ne voit que le bout des chaussures dépasser de la toile, finissent par prendre le virage. Il leur faudra un bon quart d’heure de petits mouvements de pieds continus.
Nous rentrons à notre hôtel : il est minuit, c’est samedi soir : les rues sont pleines et la fête bat son plein et pas uniquement pour San José.

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