vendredi 11 mai 2012

10 mai 2012 : Cordoue



Cordoue : l'extérieur de la mosquée-cathédrale



Jeudi 10 mai 2012
Il suffit de traverser la rue (étroite) de notre hôtel pour accéder à la Mezquita-Cathédrale, le monument incontournable de Cordoue, inscrit au patrimoine de l’humanité de l’UNESCO depuis 1984. Nous franchissons ensuite les murailles qui font penser aux murs de Meknès ou de Marrakech avec leurs portes musulmanes tant dans la forme que par leur décoration et accédons ainsi dans un jardin d’orangers, sur le côté nord de la mosquée-cathédrale. Initialement, cet ensemble était une mosquée construite dans les années 780, au début de l’occupation arabe de l’Espagne, sur l’emplacement d’une église chrétienne wisigothique, puis agrandie progressivement jusque dans les années 990. Cordoue reprise par les chrétiens en 1236, la mosquée est convertie en église mais ce n’est que dans les années 1550 qu’une cathédrale de style baroque  est construite qui, lorsqu’il la découvre, fait dire à Charles Quint en s’adressant aux architectes : « vous avez détruit ce que l’on ne voit nulle part pour construire ce que l’on voit partout ».
Il n’empêche, il s’agit là des 2 réalisations magnifiques, construites à 600 ans d’intervalles, des conceptions religieuses et des techniques complètement différentes. C’est aussi le seul site au monde où une cathédrale a été construite au milieu d’une mosquée ou pour reprendre une expression entendue dans la bouche d’un guide « où une clairière a été faite dans une forêt de colonnes pour abriter une cathédrale ».
C’est bien sûr la mosquée qui impressionne en entrant : une forêt de colonnes (1100 avant la construction de la cathédrale) surélevées par une arche supplémentaire au dessus de l’arche principale, toutes de couleur blanche et rouge, d’abord du fait des matériaux (briques et pierre) puis, plus tard, simplement par la peinture. C’est le souvenir que j’avais de ma visite dans les années 1960. Exceptionnellement non orienté vers La Mecque, le mihrab, construit à l’époque de Charlemagne par des artisans byzantins envoyés par l’empereur, est surprenant de dextérité dans leurs entrelacs de voûtes qui forment la coupole au dessus de la place du calife ou par la richesse des mosaïques qui décorent les arcs qui entourent le mihrab.
La cathédrale est d’une facture complètement différente, pleine d’emphase, et de représentations humaines pour célébrer Dieu. C’est du baroque, rien n’est trop beau ni trop riche en cette époque où l’Espagne croule sous l’or qui vient des Amériques : devant, le retable derrière l’autel principal, le lutrin en argent devant l’autel, les chaires gigantesques de chaque côté. Derrière, le « coro » avec ses stalles pour les chanoines (?), les orgues qui se répondent et un retable représentant l’Assomption du Christ au milieu de ses apôtres. Sans parler des magnifiques pièces, notamment en argent, des XVIIème et XVIIIème siècles du trésor de la cathédrale.
 Deux mondes différents, 600 ans d’écart mais un même désir d’exprimer sa foi avec grandeur.
Nous continuons notre découverte de Cordoue en déambulant dans les ruelles de la Juderia, l’ancien quartier juif de la ville, caractérisé par ses ruelles blanches, étroites, où la fraîcheur fait qu’il est bon de s’y promener. C’est aussi un quartier d’artisans (cuir, joaillerie). Le quartier renferme l’une des trois synagogues qui restent en Espagne et c’est aussi l’occasion de commémorer deux grands intellectuels du XIIIème siècle, le musulman Averroès et le juif Maimonide qui ont vécu tous deux à Cordoue à la même époque et ont profondément marqué la culture occidentale, le premier en commentant l’œuvre d’Aristote et le second en liant foi et raison.
Nos déambulations nous conduisent aux bains de l’alcazar du calife qui date du Xème siècle et confirment la richesse et le luxe de la civilisation musulmane à cette époque.
Tout ceci est bien beau mais, même si nous sommes à l’heure espagnole, il faut penser à manger et nous nous arrêtons au restaurant La Almudaina dont nous apprendrons ensuite par le Guide Vert qu’il s’agit d’une référence de la cuisine cordouane. Nous nous rassasions d’un menu (copieux) de tapas : un bol de salmorejo (version cordouane du gazpacho), des petites tranches de jambon, de la  laitue assaisonnée accompagnée d’une crevettes, des aubergines frites, des  flamenquines (sorte de boulettes de viande avec du jambon), du rabo de toro (demandez à Jean-Marie et Stéphanie de vous expliquer ce que c’est) et des desserts, le tout arrosé de sangria.
Après être repassé à l’hôtel (il fait trop chaud pour se promener), nous repartons dans toutes les ruelles de la vieille ville en suivant les patios fleuris comme ligne directrice. En effet, à cette période de l’année, un concours a lieu qui couronne les patios les plus joliment fleuris. C’est prétexte à chacun, même ceux qui ne concourent pas, de rivaliser de couleurs au moyen des leurs  géraniums ou leur pétunias et de fêter le printemps car dans 3 mois, ces fleurs auront eu bien chaud.
Nous terminons notre journée en dînant en plein air d’un gazpacho bien frais (et bien désaltérant) et d’une paella pour Sylvie et d’un rabo de toro pour moi (quand on aime, on ne compte pas !)

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