Gee's Bend
Selma : le pont Edmund Pettus, célèbre pour la marche pour les droits civiques en 1965
Selma : quelques belles maisons, antérieures ou postérieures à la guerre de Sécession
Entre Montgomery et Selma, une route typique américaine bordée de sa voie ferrée
Jeudi 16 octobre 2014
Hier la
ville, aujourd’hui la campagne : nous allons en effet dans le Gee’s Bend,
une région, à proximité de Selma, formée par une large courbe (bend) de la
rivière Alabama. Cet endroit est parmi ceux où la population noire (ici, on dit
afro-américaine) est la plus importante de l’Alabama (70 % de la population contre 26 % pour
l’état et 13 % pour l’ensemble des USA) mais aussi parmi les plus pauvres (40 %
de la population vit en dessous du seuil de pauvreté contre 18 % pour l’Alabama
et 15 % pour l’ensemble du pays).
Mais nous
n’y allons pas pour cela mais parce que la région est connue pour les
patchworks typiques qui y sont fabriqués depuis des générations, caractérisées
par des dessins géométriques simples et des formes pas toujours à angle droit, car la disponibilité en tissus
et la fonctionnalité du patchwork (tenir chaud) comptaient plus que la beauté
ou la régularité de la réalisation. Ce qui n’empêche pas que plusieurs
expositions importantes (je me souviens de celle d’Indianapolis) aient eu lieu
depuis les années 90 et ont permis de faire largement connaître ces travaux qui
ont quelque chose à voir avec la peinture moderne.
A la sortie
de Montgomery, nous entrons dans une large plaine agricole, aux routes toutes
droites en bordure desquelles courent des voies ferrées qui se perdent à
l’horizon. L’élevage de bovins semble dominer avec, au début de notre route,
des espaces qui font penser aux ranches texans. Mais progressivement les
parcelles deviennent plus petites et la forêt se fait plus présente. La région
est en effet très arrosée et on se croit parfois en bordure des bayoux de
Louisiane (sans les crocodiles !). De temps en temps, subsiste une
parcelle de coton mais la richesse économique de l’époque où le coton était roi
est maintenant bien révolue !
Nous
arrivons ainsi à Selma, que nous laissons pour l’instant, pour rejoindre Gee’s
Bend : la forêt est partout maintenant, qui apporte un peu d’activité mais
l’habitat est tout à fait modeste. Nous nous arrêtons au « Nutrition
Center » (sic) où quiltent quelques
personnes (dont nous ne comprenons pratiquement rien lorsqu’elles nous parlent)
et où sont présentés quelques patchworks. Nous nous arrêtons ensuite au Gee’s
Bend Quilters collective center, sorte de coopérative qui regroupe les œuvres
de 62 femmes et jeunes garçons (je réalise maintenant que cela ne sert à rien de
m’entêter à vouloir mettre du fil dans une aiguille car le patchwork m’est
interdit !) mais nous apprenons qu’au total environ 300 personnes ont
gardé, dans le coin, la tradition du patchwork.
Curiosité
que nous notons : toute la population ici s’appelle Pettway du nom de la
plantation de coton et de son propriétaire qui faisaient vivre toute la région
et qui a été donné à tous les esclaves de la plantation lorsqu’ils sont devenus
libres.
Nous
reprenons la route en sens inverse pour revenir sur Selma car il existe bien un
ferry pour traverser la rivière et continuer notre route mais il ne traverse la
rivière, pourtant pas bien large, que 3 ou 4 fois dans la journée.
Selma est
connue pour les mouvements qui ont eu lieu en 1965 en faveur des droits
civiques mais aussi pour avoir été une ville importante sur le plan miliaire
pendant la guerre civile. La ville a dû connaître une certaine prospérité ensuite
entre les années 1880 et 1910 à en juger par le nombre de belles grandes
maisons de tous les genres en vogue à l’époque (depuis le Greek Revival
jusqu’au style Queen Ann, en passant par le victorien) que l’on trouve sur les rues du centre-ville.
Mais là
encore, cette époque est révolue et certaine de ces maisons sont vides ou
squattées et même si un passant, avec qui nous bavardons, nous vante la ville
(à 1 heures de Montgomery, proche de l’I 65 et de l’I 85 et des usines
automobiles Mercédès et Nissan qui les bordent ou d’une papèterie), la ville
moderne nous paraît bien délabrée et il
ne nous a pas été facile de trouver un restaurant où nous prenons un vrai repas
pour 19 US$ pour 2 personnes (difficile de faire moins cher).
Le soleil
commence à tomber lorsque nous arrivons à Montgomery pour faire quelques
courses pour ce soir et donner assez de temps à Sylvie pour faire une lessive
afin de repartir, dès demain, dans des hôtels traditionnels.
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