Sur les toits de l'église des Jésuites
Palacio de los Reyes
Mardi 8 mai 2012
Notre journée est consacrée à Tolède.
Notre hôtel est situé à quelques minutes à pied des remparts de la ville : nous laissons donc la voiture au garage. Avant d’arriver à la Puerta de Bisagra, nous traversons une immense marché de vêtements que j’espère pas chers car ils ne sont pas très beaux. C’est par cette porte qu’est entré le Cid en 1085. Nous entrons nous aussi dans la ville et tout de suite nous sommes dans le bain de l’architecture mudéjare : l’Iglesia de Santiago del Arrabal construite sur une mosquée à l’époque du Cid. Plus loin, la Mezquita Christo de la Luz, initialement une petite mosquée, construite en briques et en pierres de couleur brun- beige avec des voûtes entrelacées, plus tard agrandie dans un style identique pour devenir une église.
Nous déambulons ensuite dans les ruelles de la ville,
pratiquement vide de voitures qui ont peu d’espace pour circuler et encore
moins se garer. La ville est bien sûr très touristique mais on y ressent aucune
agressivité et de nombreuses boutiques proposent des objets de très bon
artisanat, notamment des couteaux (en acier de Damas !) ou de jolis
bijoux, médailles ou broches, sans parler d’une autre spécialité de la ville,
le massepain (des gâteaux à la pâte d’amandes).
Nous arrivons ainsi à l’Iglesia de los Jesuites, d’un style
et nous sommes rejoints par une époque bien différente des édifices mujedares.
Là, nous sommes dans les années 1650 – 1750 avec une église aux dimensions
imposantes mais d’une certaine simplicité pour la nef alors que le chœur et les
chapelles latérales sont d’une grande richesse dans un style assez maniéré mais
impressionnant car chaque pièce individuellement (un ange, un Christ, des
rayons, etc…) est un chef d’œuvre et l’ensemble, qui ne fait, lui, rien dans la simplicité, est d’une
grande unité. Nous montons ensuite en haut des tours d’où nous avons une belle
vue sur les toits de la vieille ville de Tolède et la campagne environnante.
Plus loin, nous arrivons à l’Iglesia de Santo Tomé qui abrite
l’œuvre la plus connue du Gréco (alias Dhominikos Theotokopoulos) à savoir
l’Enterrement du Comte d’Orgaz. Ce comte, grand bienfaiteur de sa ville, est
mort en 1327 et lors de la cérémonie de son enterrement, les participants ont
vu St. Etienne et St. Augustin placer le comte dans son tombeau pendant que les
anges emmenaient son âme au Paradis. Deux siècles et demi plus tard, le prêtre
de la paroisse a obtenu du Vatican la reconnaissance de ce miracle et a demandé à l’un de ces paroissiens de
réaliser un tableau commémorant ce qui était reconnu comme un miracle. Depuis,
l’œuvre du Gréco n’a ni bougé ni été rénovée et il est vrai qu’elle est
remarquable par les visages des personnages (la cour du comte, les élus qui
entourent le Christ en Gloire, les saints, le peintre qui s’est représenté)
tous d’une grande expression et aussi par son harmonie de couleurs dans les
noirs et le beige.
Après toutes ces découvertes artistiques, il faut bien se
nourrir de nourritures terrestres et nous mangeons dehors sur un petite place.
Notre promenade se poursuit ensuite par la visite du
Monastère San Juan de los Reyes. Ce monastère construit à la fin du XVème
siècle par la reine Isabelle la Catholique était destiné à accueillir le
tombeau des souverains finalement enterrés à Grenade. Mais cela ne l’a pas
empêché d’être là encore d’un très grande richesse, notamment un bas relief
figurant des pélicans, oiseau qui se pique la poitrine pour alimenter ses
petits et considéré comme une allégorie de Christ qui donne sa vie pour
l’humanité. Le monastère renferme également un beau cloître avec un très beau
plafond en bois.
Plus loin, nous nous arrêtons à la Synagogue Santa Maria la
Blanca, dont le nom lui-même montre bien l’évolution : construite comme
synagogue au XIème siècle et reconstruite en 1270 à une époque où les juifs
occupaient une place importante dans la société, elle a été convertie en église
catholique, en en conservant la structure, au XVème siècle au moment de
l’expulsion des juifs du royaume d’Espagne.
Nous visitons ensuite l’Iglesia San Salvador qui renferme un
pilier wisigoth et la dernière visite de la journée est consacrée à la
cathédrale. Siège du primat d’Espagne, c’est un édifice de plus de 120 mètres
de long et de 60 de large, construit entre les années 1220 et 1490, sur la base
d’une ancienne mosquée ce qui explique qu’elle ait cinq travées alors que les
églises traditionnelles n’en ont que trois pour symboliser la Trinité. Mais
l’intérieur est encore plus impressionnant : d’abord un retable
gigantesque du début du XVIème siècle en bois polychrome et or avec une
succession des scènes rappelant la vie de Vierge (Annonciation, la Crèche avec
les rois mages, le massacre des saints innocents, et bien sûr la Passion du
Christ et sa Résurrection, le tout « nageant » dans l’or et les
couleurs. Derrière ce retable, un retable baroque représentant
« l’Apothéose du Saint Sacrement de l’Eucharistie » un œuvre du plein
baroque espagnol du début du XVIIIème siècle. Là encore, une orgie de dextérité
et de richesse pour exprimer la foi d’une société qui, comme l’église des
jésuites de ce matin, ne doutait pas d’elle-même ! Nous sommes loin des
petites églises romanes chères à notre cœur mais tout ceci ne peut pas manquer
de nous impressionner comme nous impressionne la richesse de toute cette
culture.
Forts de toutes ces visites, nous nous arrêtons sur la place
Zocodover, la grande place de Tolède, pour siroter un jus d’orange (que faire
de mieux dans ce pays) avant de regagner notre hôtel. Nous n’avons pas tout vu
de Tolède : le musée Gréco et l’Alcazar manquent à notre tableau mais la
ville est vraiment magnifique par sa richesse et sa diversité architecturale.
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