Grenade : le défilé de char de la Vierge del Rocio
Samedi 19 mai 2012
En sortant de notre hôtel, alors que nous voulons nous
diriger vers le quartier d’Albaicin, nous sommes surpris de trouver un, puis
deux, puis une vingtaine de chars tirés par de puissants tracteurs stationnés
le long du trottoir. Chacun des chars, plus ou moins fleuris, est une sorte de
camping-car figurant une maison, toutes assez semblables, de couleur blanche
avec une plateforme arrière où siègent des chaises et une table. Sur le côté,
toutes ont une représentation de la Vierge et une affichette portant la mention
« pontificia y real hermandad de gloria de Nuestra Señora del Rocío de Grenada ».
Il nous faudra un certain temps pour tout comprendre !
Nous remontons l’avenue Gran Vià el Colon et aboutissons
devant la Chancelleria (le tribunal) où, là, se trouvent des chevaux montés par
de braves cavaliers accompagnés parfois de cavalières en amazone, tous habillés
du costume andalous traditionnel. Progressivement, le nombre de chevaux
augmente et au bout d’une bonne heure passe une 11CV Citroën avec, à son bord,
une mariée, qui se dirige vers l’église toute proche. Est-ce pour elle que tous
ces cavaliers sont venus ? Mais le nombres de chevaux continue à augmenter.
Après une assez longue attente, dans une atmosphère bon enfant faite de
hennissements des chevaux et du passage de (belles) andalouses dans leur
costume traditionnel, arrive un long cortège de gens, tous, eux aussi, en
costume traditionnel, précédé d’un char tiré par 2 bœufs portant, sur un
sanctuaire en argent, une petite statuette de la Vierge. Tous les membres du
cortège ont sur la poitrine le même petit médaillon que celui que nous avons vu
sur les chars stationnées devant notre hôtel. Nous voilà dans un cortège
religieux semblable à celui que nous avons croisé à Séville.
Après avoir consulté Internet, nous comprenons que tout ceci
se réfère au pèlerinage d’El Rocio, du nom d’un petit village situé dans la
Province de Huelva, pas très loin de Séville. C’est là qu’un miracle relatif à
la Vierge aurait eu lieu au XVIème siècle. Depuis, la Vierge de El Rocio est
l’objet d’une grande vénération qui attire jusqu’à un million de pèlerins le
dimanche de Pentecôte et diverses confréries entretiennent ce culte, à Séville, à Grenade, à Malaga, à
Madrid, y compris jusqu’en Belgique. Comme les « Jacquards », les « Rocieros »
de chaque confrérie parcourent le « chemin » du lieu de leur résidence
jusqu’au village d’El Rocio à pied ou à bord des chars que nous avons vus ce
matin, qui portent les noms de Blanca Paloma (Blanche Colombe), La Pastora (la
Bergère) ou La Reina de las Marismas (la Reine des Marais) autres noms donnés à
Nuestra Señora del Rocío (littéralement Notre Dame de la Rosée).
Dans tout cela, il est un bon 14 h 00 quand nous prenons un
taxi pour le quartier d’Albaicin (il n’est pas question d’y aller en voiture
car l’accès au quartier est réservé aux véhicules autorisés, sans parler de l’étroitesse
des ruelles). C’est le plus vieux quartier de la ville, celui de la médina et
il en a gardé le tracé tortueux.
Le quartier surplombe la ville de Grenade et fait face à
l’Alhambra. Nous allons donc d’abord au Mirador de San Nicolàs d’où l’on a une
très belle vue sur l’Alhambra et les cimes enneigées qui la surplombent
(malheureusement aujourd’hui avec un ciel gris). Nous y déjeunons puis parcourrons
toutes ces ruelles effectivement bien étroites, bordées de chaque côte de murs
blancs, sans trottoir.
Le quartier que l’on disait animé et fourni en pickpockets
nous paraît plutôt vide mais nous trouvons de beaux vestiges d’architecture
musulmane (indépendamment de la grande mosquée inaugurée en 2003). Il y a
également ce que l’on appelle des carmens (de l’arabe « karm » qui
veut dire jardin) c'est-à-dire des beaux et grands jardins, entièrement
ceinturés de grands murs dont l’effet est … d’interdire toute vue depuis la
rue. Mais nous descendons vers le centre ville et retrouvons la Gran Vià el
Colon vide de ses chars. Que sont donc devenus tous ces cavaliers et tous ces
membres des confréries ? Où ont-ils rangé leurs chars, leurs tracteurs,
leurs chevaux ?
Ayant trouvé une église près de notre hôtel avec une messe à
20 h 00, nous nous y rendons. Nous avons bien fait de ne pas être en retard car
à 20h 10, le sermon (auquel je n’ai rien compris) commençait et à 20 h 30 nous
étions sortis. Voilà une affaire rondement menée… ! Mais tout ceci n’est
qu’un détail quand il s’agit de prier le Seigneur !
Après avoir enfilé un pantalon et remis des chaussures (le
temps a changé et il ne fait plus que dans les 20°C), nous terminons la soirée au
restaurant : après les calamarès a la plancha et les fraises nature
(d’Espagne), nous sont offerts 2 petits verres d’alcool caramel qui nous
rappellent les Carambars de notre jeunesse.
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