Cordoue : l'extérieur de la mosquée-cathédrale
Jeudi 10 mai 2012
Il suffit de traverser la rue (étroite) de notre hôtel pour
accéder à la Mezquita-Cathédrale, le monument incontournable de Cordoue,
inscrit au patrimoine de l’humanité de l’UNESCO depuis 1984. Nous franchissons ensuite
les murailles qui font penser aux murs de Meknès ou de Marrakech avec leurs
portes musulmanes tant dans la forme que par leur décoration et accédons ainsi
dans un jardin d’orangers, sur le côté nord de la mosquée-cathédrale.
Initialement, cet ensemble était une mosquée construite dans les années 780, au
début de l’occupation arabe de l’Espagne, sur l’emplacement d’une église
chrétienne wisigothique, puis agrandie progressivement jusque dans les années
990. Cordoue reprise par les chrétiens en 1236, la mosquée est convertie en
église mais ce n’est que dans les années 1550 qu’une cathédrale de style
baroque est construite qui,
lorsqu’il la découvre, fait dire à Charles Quint en s’adressant aux
architectes : « vous avez détruit ce que l’on ne voit nulle part pour
construire ce que l’on voit partout ».
Il n’empêche, il s’agit là des 2 réalisations magnifiques,
construites à 600 ans d’intervalles, des conceptions religieuses et des
techniques complètement différentes. C’est aussi le seul site au monde où une
cathédrale a été construite au milieu d’une mosquée ou pour reprendre une
expression entendue dans la bouche d’un guide « où une clairière a été
faite dans une forêt de colonnes pour abriter une cathédrale ».
C’est bien sûr la mosquée qui impressionne en entrant : une
forêt de colonnes (1100 avant la construction de la cathédrale) surélevées
par une arche supplémentaire au dessus de l’arche principale, toutes de couleur
blanche et rouge, d’abord du fait des matériaux (briques et pierre) puis, plus
tard, simplement par la peinture. C’est le souvenir que j’avais de ma visite
dans les années 1960. Exceptionnellement non orienté vers La Mecque, le mihrab,
construit à l’époque de Charlemagne par des artisans byzantins envoyés par
l’empereur, est surprenant de dextérité dans leurs entrelacs de voûtes qui
forment la coupole au dessus de la place du calife ou par la richesse des
mosaïques qui décorent les arcs qui entourent le mihrab.
La cathédrale est d’une facture complètement différente,
pleine d’emphase, et de représentations humaines pour célébrer Dieu. C’est du
baroque, rien n’est trop beau ni trop riche en cette époque où l’Espagne croule
sous l’or qui vient des Amériques : devant, le retable derrière l’autel
principal, le lutrin en argent devant l’autel, les chaires gigantesques de
chaque côté. Derrière, le « coro » avec ses stalles pour les
chanoines (?), les orgues qui se répondent et un retable représentant
l’Assomption du Christ au milieu de ses apôtres. Sans parler des magnifiques
pièces, notamment en argent, des XVIIème et XVIIIème siècles du trésor de la
cathédrale.
Deux mondes
différents, 600 ans d’écart mais un même désir d’exprimer sa foi avec grandeur.
Nous continuons notre découverte de Cordoue en déambulant
dans les ruelles de la Juderia, l’ancien quartier juif de la ville, caractérisé
par ses ruelles blanches, étroites, où la fraîcheur fait qu’il est bon de s’y
promener. C’est aussi un quartier d’artisans (cuir, joaillerie). Le quartier
renferme l’une des trois synagogues qui restent en Espagne et c’est aussi
l’occasion de commémorer deux grands intellectuels du XIIIème siècle, le
musulman Averroès et le juif Maimonide qui ont vécu tous deux à Cordoue à la
même époque et ont profondément marqué la culture occidentale, le premier en
commentant l’œuvre d’Aristote et le second en liant foi et raison.
Nos déambulations nous conduisent aux bains de l’alcazar du
calife qui date du Xème siècle et confirment la richesse et le luxe de la
civilisation musulmane à cette époque.
Tout ceci est bien beau mais, même si nous sommes à l’heure
espagnole, il faut penser à manger et nous nous arrêtons au restaurant La
Almudaina dont nous apprendrons ensuite par le Guide Vert qu’il s’agit d’une
référence de la cuisine cordouane. Nous nous rassasions d’un menu (copieux) de
tapas : un bol de salmorejo (version cordouane du gazpacho), des petites
tranches de jambon, de la laitue
assaisonnée accompagnée d’une crevettes, des aubergines frites, des flamenquines (sorte de boulettes de
viande avec du jambon), du rabo de toro (demandez à Jean-Marie et Stéphanie de
vous expliquer ce que c’est) et des desserts, le tout arrosé de sangria.
Après être repassé à l’hôtel (il fait trop chaud pour se
promener), nous repartons dans toutes les ruelles de la vieille ville en
suivant les patios fleuris comme ligne directrice. En effet, à cette période de
l’année, un concours a lieu qui couronne les patios les plus joliment fleuris.
C’est prétexte à chacun, même ceux qui ne concourent pas, de rivaliser de
couleurs au moyen des leurs
géraniums ou leur pétunias et de fêter le printemps car dans 3 mois, ces
fleurs auront eu bien chaud.
Nous terminons notre journée en dînant en plein air d’un
gazpacho bien frais (et bien désaltérant) et d’une paella pour Sylvie et d’un
rabo de toro pour moi (quand on aime, on ne compte pas !)
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