La cathédrale : la porte du Pardon
La Giralda : l'ancien minaret devenu clocher de la cathédrale
Samedi 12
mai 2012
Comme à Cordoue, à tout bien, tout honneur et notre première
visite est pour la Cathédrale. Là encore, on n’a pas voulu faire dans la
simplicité et les initiateurs du projet ont clairement indiquer leur
objectif : « bâtissons une église si grande que ceux qui la verront
nous prendront pour des fous » ont-ils déclaré au moment de lancer les
constructions, en 1401. Et là, contrairement à Cordoue, ils n’ont pas eu de
pitié pour la mosquée qui existait et l’ont démolie à l’exception du minaret
qui est devenu la Giralda. Avec une longueur de 126 mètres, une largeur de 83 mètres
et une hauteur de 37 mètres, les initiateurs du projet ont atteint leur
objectif et en ont fait, d’après le livre Guiness des records, la plus grande
cathédrale du monde. Et c’est vrai que, lorsque l’on entre, on ne peut manquer
d’être impressionné par la taille et la hauteur de l’édifice. Le centre est
occupé, comme à Cordoue, par la Capilla
Mayor, malheureusement fermée au public pour rénovation (décidément, nous
jouons de malchance) et le Coro. Nous sommes à la croisée de l’art baroque du
XVIème siècle et des débuts de la Renaissance. Le pourtour du monument est
occupé par une kyrielle de chapelles décorées d’œuvres du XVème au XVIIIème
siècles. Dans cet ensemble un peu éclectique, mal présenté et caché par des
grilles en fer forgé qui interdisent l’entrée de chaque chapelle, nous notons
deux belles céramiques de l’école de Della Rubia, des fonds baptismaux en
marbre, quelques œuvres, qui nous marquent guère, de Murillo et de Zurbaran, un
autel tout en argent avec ses anges et son lutrin, et d’innombrables vierges « couronnées
de soleils, la lune à (leurs) pieds ». Comme à Cordoue, il y a un trésor.
Il déborde de pièces en argent du XVIème siècle, dont un ostensoir de près de 4
mètres de haut et quelques beaux tableaux dont un Sainte Juste et Sainte Rufine
de Goya de bel facture (notamment par sa précision tant dans le dessin que dans
la forme).
Notre visite ne serait pas complète si nous ne montions pas
en haut de la Giralda. Il s’agit du minaret de la mosquée, construit quelques temps
après la Koutoubia et sur son modèle, surmonté de cloches et d’une girouette
(giralda en espagnol).
D’en haut, on a une très belle vue sur le centre de la ville,
avec ses maisons blanches chaulées que l’on croiraient venues tout droit du
Maroc si ce n’était leur sol en carrelage rouge.
Nous terminons notre visite de la cathédrale en traversant le
jardin des orangers, destiné, du temps de la mosquée, aux ablutions des
musulmans avant d’entrer dans le lieux saint et, comme à Cordoue, nous sortons
par la Puerta del Pardon, encore plus belle ici qu’à Cordoue si ce n’est
quelques statues de St. Pierre et St. Paul venues incongrument se mélanger aux
motifs musulmans.
Nous sommes dans un des quartiers touristiques de Séville (le
bario Santa Cruz) et nous nous arrêtons dans un restaurant indiqué par nos
guides où nous faisons un très bon et très copieux repas avec 2 vases de
gazpacho (2 vaso gazpacho), 1 jarre de Sangria (1 jarra Sangria), des Alains
variés (1 Variado de Alinos), des crevettes à l’ail et de la morue (bacalao)..
Il est 16 heures ; il fait très chaud et nous rentrons
au frais dans notre hôtel avant de repartir vers la cathédrale, cette fois-ci
pour la messe, à 20 heures. Pour nous, elle commence par un mariage, ou mieux
la fin de la cérémonie d’un mariage, plutôt chicos, les hommes habillés en
queue de pie, et la mère du marié habillée en andalouse avec sa coiffe traditionnelle, une mantille
surmontée d’un peigne. Quant à la messe elle-même, nous n’avons pas trop de
problème pour l’appréhender (je n’ose pas dire la comprendre) et c’est
l’avantage de l’espagnol par rapport au coréen.
A la sortie de la messe, sur l’Avenida de la Constitucion, manifestent
les indignés, avec banderoles et slogans (« il faut transformer
l’indignation en révolution » ou « se résigner est un suicide
quotidien », citation attribuée à Balzac ???). En tout cas, l’avenue
est noire de monde et c’est la première illustration que nous voyons depuis le début de notre voyage que le pays
traverse une crise économique sérieuse. Internet nous apprendra ce soir qu’au
total ces manifestations se sont produites dans 80 villes en Espagne,
rassemblant quelques centaines de milliers de manifestants.
En rentrant de notre dîner (en plein air sur une place), nous
croisons un autre défilé tout aussi spectaculaire. En effet, précédé d’une
fanfare aux accents martiaux et graves, arrive, dans des rues déjà pleines de
piétons et de dineurs, le char
portant San José de la Montana, patron d’une petite école catholique de
Séville. Il avance lentement, porté par 30 hommes, tous cachés par une toile,
sous le char. Nous sommes à un angle de rues et il s’agit pour eux de faire un
quart de tour sans accident, car nous imaginons que le char peut bien peser
entre 500 et 700 kgs. C’est donc avec la plus grande prudence et la plus grande
attention que nos porteurs, dont on ne voit que le bout des chaussures dépasser
de la toile, finissent par prendre le virage. Il leur faudra un bon quart d’heure
de petits mouvements de pieds continus.
Nous rentrons à notre hôtel : il est minuit, c’est
samedi soir : les rues sont pleines et la fête bat son plein et pas
uniquement pour San José.
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