Séville : l'Alcazar
Dimanche 13
mai 2012
L’autre grand monument de Séville, l’Alcazar, est à notre
programme aujourd’hui.
Le mot d’alcazar vient de l’arabe et signifie palais,
forteresse (nous le rapprochons du mot ksar). Ici, il s’agit du palais royal
dont la construction débute après la reconquête (1248) sur les restes du palais
arabe et aujourd’hui encore habité par la famille royale. Mais, c’est le
tremblement de terre de 1356 qui marque le démarrage du palais dans son état
actuel avec la construction par Pierre Ier d’un magnifique bâtiment,
de style mudéjar. C’est ainsi que l’on se croirait dans un palais musulman avec
ses arcs en fer à cheval, l’utilisation généralisée de mosaïques (devenues
azulejos) blanches et bleues, l’absence presque générale de motifs figuratifs et
des frises où l’on croirait lire des sourates mais qui ne sont que décoratives.
C’est ainsi que l’on visite le patio des demoiselles et le
salon des ambassadeurs, magnifiques d’unité et de sobriété tout en étant d’une
abondance de détails difficile à imaginer.
Plus tard, de nouvelles modifications ont lieu à l’occasion
du mariage de Charles Quint avec Isabelle de Portugal (1526) mais le palais, à
nouveau victime de tremblement de terre (celui de Lisbonne en 1755) est
largement détruit. Il est reconstruit dans un style baroque moins flatteur à
nos yeux que le style mudéjar qui est la vrai richesse de cet ensemble.
Notre visite se poursuit par une promenade dans les jardins
avec de nombreuses fontaines, les bains de Maria de Padilla, maîtresse du cruel
Pierre 1er et, en sortant, nous retrouvons la Giralda qui veille
soigneusement sur nous.
C’est dimanche et les rues alentours sont bien pleines de
promeneurs et nous retournons à notre restaurant d’hier midi :
aujourd’hui, la salle est pleine d’espagnols et je pourrais retirer mes appareils
auditifs que j’entendrais aussi bien !
Prochaine étape dans notre apprentissage de l’Espagne, nous
allons à une corrida, plus exactement à une novillada, c'est-à-dire une corrida opposant de jeunes taureaux (novillos) à de jeunes toreros
n'ayant pas encore pris l'alternative et devenir ainsi « matador de
toros » ayant le droit de combattre des animaux de plus de 4ans) :
les premiers ont moins de 4 ans, les seconds entre 20 et 25 ans. Mais malgré la
jeunesse de protagonistes, le scénario et les règles sont identiques à celles
de la corrida formalisées dans les années 1850.
Nous nous dirigeons vers la Plaza de Toro et n’avons pas de
mal à trouver notre chemin : il suffit de suivre la foule ! Nous
avons choisi une place à l’ombre.
A 19 h 00 précises (il paraît que la corrida est la seule
chose qui commence à l’heure en Espagne) entrent dans l’arène pour défiler tous
ceux qui vont participer aux combats : c’est le paseo. Il y aura, comme
c’est la règle, 6 combats (d’environ 15 minutes chacun) et 3 matadors, chacun
avec son « équipes » composée de peones, de picadores et de banderilleros.
Le déroulement du combat fait, lui aussi, l’objet de règles
précises : il se compose de 3 parties et se termine par la mise à mort du
taureau.
La porte s’ouvre et le taureau s’élance plein de fougue avec
ses presque 500 kgs. Durant la première partie, les peones effectuent des
passes avec leur cape rose d’un côté, jaune de l’autre, qui ont pour objet de
permettre au matador de jauger le comportement du taureau : vivacité, corne
maîtresse, manière de charger, course, etc. Ensuite vient le temps des
picadors, montés sur des chevaux heureusement pour eux bien caparaçonnés pour
se protéger des coups de butoir du taureau. Avec une pique terminée par une pointe d'acier qu’ils entrent dans le dos de la
bête , les picadors «testent la bravoure» du taureau et l'affaiblissent
suffisamment pour qu'il devienne « toréable ».
Débute ensuite le second cycle, celui des banderilles
plantées dans l’échine du taureau. Les banderilleros se présentent, à pied,
face au taureau et lui plantent au bas du cou des bâtons terminés par un
harpon, le but étant toujours le même, l’affaiblissement du taureau. Mais
celui-ci est encore assez vif et il y a intérêt à ne pas manquer son
coup car un coup de cornes est si vite arrivé !
Vient ensuite le temps de la mise à mort : il débute par
une série de passes à la muleta par lesquelles le matador attire le taureau en
l’excitant par des cris et des mouvements. Les spécialistes reconnaissent
plusieurs mouvements et, même si nous n’en savons pas assez pour les
distinguer, nous apprécions tout à fait quand un enchaînement de passes soulève
l’enthousiasme de la foule que vient accompagner la musique de l’orchestre qui
se manifeste à chaque nouvelle phase de la corrida et à chaque fait d’arme.
La phase finale du combat, l’estocade, consiste à ce que le
matador plante son épée dans le garrot de l’animal où il l’enfonce jusqu’à la
garde ce qui entraîne la mort du taureau dans les secondes qui suivent. Mais le
succès n’est pas garanti et seul des 3 matadors qui se sont produits devant
nous, Tomas Angulo, (un jeune dont, croyez le vieux aficionados que je suis, on
reparlera !) l’a réalisé se voyant octroyé par le président de la course
l’oreille que la foule lui demandait de lui donner.
Nous assistons ainsi aux 6 combats prévus, sans parler d’un
passage où le 2ème combat de la deuxième partie est interrompu par
l’entrée dans l’arène d’un troupeau de taureaux clairs qui entraine le taureau
combattant vers le sortie. Nous nous perdons en conjecture sur cet événement
mais finissons pas penser que, le taureau ne s’étant montré assez agressif pour
donner un spectacle de qualité, le président avait décidé le changement de
l’animal.
Il est 21 h 30 quand nous quittons l’arène, en bonne santé,
nous ! Il est vrai que, quand on y pense, et même s’il faut apprécier le
courage des toréadors, c’est quand même un sport de sauvages n’en déplaise à
certains (Ernest Hemingway avec « Mort dans l’Après Midi ») qui y voient tout un art et toute une
grandeur. Mais pouvions-nous venir à Séville sans assister à une corrida dans
les plus anciennes arènes taurines du pays ?
22 h 00 : c’est l’heure de dîner de quelques tapas dans
un restaurant chic de la ville et
nous rentrons vers notre hôtel en nous perdant dans les ruelles du Bario de
Santa Cruz à l’heure où certains restaurants commencent à fermer ! Il est
donc bien temps de dormir !
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