Grenade : la Capilla Real
Vendredi 18
mai 2012
Nous commençons notre découverte de Grenade en partant (vers
10 h 00 !) prendre notre petit déjeuner dans l’hôtel 5 étoiles situé en
face du nôtre (qui n’en propose pas) dans un ancien monastère dédié à Santa
Paula. C’est ainsi que nous dégustons fruits, jus de fruit, diverses
charcuteries espagnoles (dont le jamon qui devient mon habitude quotidienne),
omelettes et café dans un délicieux patio au bruit d’une petite fontaine et à
l’ombre des arcades de l’ancien couvent.
Mais la cathédrale, tout proche, nous attend. C’est le
symbole de la victoire des rois chrétiens (Isabelle de Castille et Ferdinand
d’Aragon) sur les musulmans, marquée par la prise de Grenade en 1492 qui met
fin à 800 ans de domination musulmane dans la Péninsule. Une victoire qu’il
convient de célébrer avec magnificence : c’est ainsi que les rois
vainqueurs font construire la Chapelle Royale (Capilla Real) afin d’y être
enterrés. Il faut que cette victoire supprime toute trace de la présence
musulmane, y compris dans l’architecture et nous sommes loin de Cordoue et même
de Séville. Nous sommes au début du XVIème siècle, le gothique flamboyant
connaît ses dernières heures et l’inspiration de la Renaissance italienne commence à se faire sentir. A eux de
prendre la place des mosquées et de l’art musulman.
C’est ainsi que l’extérieur crénelé de la Chapelle Royale a
des accents de la Renaissance comme la grille en fer forgé et les mausolées royaux
qu’elle protège. Un retable aux tableaux pleins de vie me semble plus gothique
comme une très belle Sainte Famille aux 3 générations (Jésus, Marie, Joseph,
Joachim et Anne) ou la couronne d’Isabelle la catholique conservée, comme de
belles peintures flamandes, dans le musée de la Chapelle. La cathédrale date de
la même époque. Elle fait penser à Saint Pierre de Rome : nous sommes sous
influence italienne mais nous la trouvons moins belle et plus froide que la
Chapelle Royale.
Quant à l’influence musulmane, elle sa fait toujours sentir
dans les ruelles qui entourent la Cathédrale et nous nous croyons vite dans les
souks marocains avec des échoppes qui vendent des lanternes (à des prix pour
américains milliardaires !), des samovars, des plats à tajine, des
babouches, et même des petits
tableaux avec votre nom écrit en arabe.
Cela ne nous empêche pas de trouver un petit bénitier en
argent qui viendra compléter la collection de notre chambre car il ya dans ce
souk quelques belles boutiques de joaillerie.
L’après midi est consacrée à l’Alhambra où nous retrouvons,
sous une forme magnifique, l’influence musulmane.
Il y a plusieurs partie dans cet ensemble que nous visitons
sous la conduite d’une guide (il n’est en effet guère possible de procéder par
soi-même à l’achat d’un billet et probablement aussi pour se retrouver dans cet
ensemble qui accueille 8000 visiteurs par jour).
Nous commençons par le Generalife surtout connu pour ses
jardins qui mettent en valeur la façon dont l’eau est utilisée à la fois comme
moyen d’ablutions, de rafraîchissement, d’agrément, mais aussi comme élément
architectural. Il s’agit d’abord de faire venir l’eau de la Sierra Nevada qui
culmine à 3500 mètres (point le plus élevé de la péninsule ibérique mais non de
l’Espagne) à quelques dizaines de kilomètres de Grenade. Puis, dans le jardin,
tout un ensemble de bassins et de canaux
ornent des patios bordés de jardins fleuris avec notamment des lauriers
roses et des magnolias plus gros que ceux de Cordes (qui, il est vrai,
n’est pas l’Alhambra !).
Un peu en contrebas, nous visitons le Palais de Charles
Quint, décidemment le grand homme de la région (alors que, dans mes souvenirs
d’écolier nourri à l’école publique, laïque et obligatoire, j’en avais le
souvenir d’un « méchant »), avec sa façade renaissance bossée mais sa
cour intérieure circulaire très classique (et inachevée).
Puis nous accédons aux palais nasrides du nom de la dynastie
qui a régné de 1238 à 1492 sur la région. Grenade supplante Cordoue et
devient alors la ville phare de son
époque.
Le contraste est saisissant entre la simplicité de
l’architecture extérieure, peu différente de celle d’une place forte, et la
richesse et la sophistication de l’architecture intérieure des différents
palais qui composent cet ensemble. L’eau est omniprésente, comme dans les
jardins tout à l’heure, avec des bassins dans lesquels se reflètent les palais,
un peu comme des Taj Mahal espagnols.
Les différentes salles qu’il faut imaginer peintes en vert,
rouge et bleu et dotées de vitraux de mêmes couleurs, sont toutes décorées de riches
motifs géométriques ou végétaux en stuc avec la répétition de la devise de la
dynastie omniprésente « Dieu
seul est notre sauveur » en écritures coursive et coufique. La partie
inférieure des murs est partout recouverte d’azulejos. Une coupole en bois dôme recouvre les pièces d’apparat et
représente le ciel étoilé et ses sept niveaux.
Nous terminons notre visite par la cour des Lions au milieu
de laquelle se trouve une fontaine retenue par 12 lions, le tout en marbre blanc.
Puis nous passons devant les bains arabes et l’appartement où résida l’écrivain
américain Washington Irving qui écrivit « les Contes de l’Alhambra »
en 1832. La lecture des ces récits, qui sont plus des légendes que de récits
historiques, sera une occasion de revivre cette belle visite de l’Alhambra.
Nous terminons notre première journée grenadine au même
restaurant qu’hier soir avec des palourdes ou de la morue.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire