Mercredi 17 juillet 2019 Cherbourg - Châteauroux
Partis à l’heure de Dublin, c’est à l’heure que nous
arrivons à Cherbourg, après un voyage sans problème. Nous quittons le port vers
midi car il faut plus de temps à Cherbourg qu’à Dublin pour sortir tous les
véhicules. Nous refaisons à l’envers le même parcours qu’à l’aller : Caen,
Alençon, Le Mans, Tours pour passer la nuit à Châteauroux. Nous retrouvons les
4 voies et autoroutes françaises et je me sens plus à l’aise de ne pas avoir à
croiser à quelques dizaines de centimètres les véhicules qui roulent dans
l’autre sens. Nous retrouvons aussi des paysages moins verts et, surtout moins austères, que les grands paysages qui nous ont tant
séduits et la mer se fait maintenant loin. Et nous retrouvons des températures
d’été dans les 30°C. Arriverons-nous à nous habituer ?
Après 6 heures de route, nous
arrivons à Châteauroux ou, plus exactement, à Déols puisque nous passons la
nuit au Relais Saint Jacques, situé sur l’ancienne N20, à quelques encablures
de…L’Escale !
Et nous faisons un très bon repas
d’huitres et de poissons avec un excellent service. Une adresse à retenir quand
on a le temps d’en profiter.
Jeudi 18 juillet 2019 Châteauroux –
Cordes
Les bonnes choses ont une fin et
nous rentrons plein de beaux souvenirs, de beaux souvenirs de ce pays, de beaux
souvenirs ensemble. Sylvie aime ce pays depuis longtemps et me l’a fait découvrir
et aimer il y a bientôt 50 ans. Le pays
a changé depuis cette époque mais, outre ses paysages fantastiques, il a gardé
tout son charme et son atmosphère reposante et bon-enfant.
Il a beaucoup changé : on ne
croise plus, bloquant la route, des troupeaux de moutons. Les ânes ont disparu.
Les grands-pères aussi faisant la route en tenant à la main leur vieux vélo sur
le porte bagage duquel ils ont soigneusement plié leur veste de costume. On ne
compte plus en punt mais en euro. Seule la bière est exprimée en
« pint ». Les états d’esprit ont, dit-on, beaucoup évolué. Un
exemple, parmi d’autre : même si on rencontre encore souvent des familles
avec 3 ou 4 enfants d’âge rapproché, le taux de fécondité qui était encore de 4
enfants / femme en 1970 et tombé à 1,8 aujourd’hui (sur la même période, il est
passé en France de 2,6 à 1,9). Les états d’esprit ont évolué mais
l’activité économique aussi avec un développement important vers les nouvelles
technologies. Comme le fait remarquer Sylvie, la créativité s’est imposée, sous
l’impulsion du Kilkenny Design Center, jusqu’à y compris dans le design qui il
y a 50 ans était très tartignole.
L’Irlande est un pays moderne, solidement
arrimé à l’Union Européenne et, encore, nous ne nous sommes pas rendus dans les
grandes villes.
Mais il a su garder ses
spécificités
La particularité des grands espaces
austères des côtes nord et ouest n’a, bien sûr, pas changé car elle n’a pas été
mise en brèche par un tourisme de masse, facilité en cela par un accès difficile
(imagine-t-on un autocar sur les routes du Buren ou au Healy Pass). Que de magnifiques paysages avons-nous souvent eu
pour nous seuls.
N’a pas changé non plus la présence
d’une culture propre à travers les chants et les danses traditionnels dont
Sylvie me dit qu’ils sont enseignés à l’école. C’est ainsi que plusieurs fois
nous avons vu des jeunes et des moins jeunes jouer des instruments ou danser de
ces chants et de ces danses si particuliers. Que l’on pense également aux pubs
piliers vivants, semble-t-il, de la culture traditionnelle.
Un point vient confirmer cet
ancrage dans la culture traditionnelle: la présence de la langue gaélique.
Alors qu’en 1970, on avait l’impression que subsistaient quelques îlots
irréductibles pourtant frappés d’une disparition inéluctable, aujourd’hui la
langue irlandaise est beaucoup plus présente et pas uniquement pour la
retransmission à la télé des matchs de hurling. Un effort est manifestement
entrepris par l’Etat pour pérenniser et développer l’usage du gaélique mais c’est
un combat de longue haleine. Autre exemple de cette prise en compte d’un passé
qui n’a pas été toujours facile : la référence à plusieurs occasions à la
« grand famine » que j’ai plus sentie cette fois que précédemment.
Mais une question subsiste ;
quelles vont être les conséquences d’un Brexit dur sur l’Irlande : celle-ci
serait-elle entraînée malgré elle dans une récession issue, directement ou non,
du Royaume-Uni ? Cela serait cruel, 10 ans après la crise de 2008, d’où le
pays s’est relevé avec courage !
Voilà. Nous sommes maintenant à
Cordes et avons parcouru en voiture, parfois avec quelques frayeurs, 5 260
kms (dont 3 300 en Irlande) sans compter la traversé maritime.
Les vacances continuent mais sous
un autre forme.