Austin : la LBJ Library
Lundi 30 septembre 2013
Bonne surprise au réveil :
le ciel est d’un beau bleu et le temps sera radieux et chaud (in the mid
eighties) toute la journée.
Au programme aujourd’hui,
LBJ (cela ne rappelle-t-il pas « Hair »
au moins jeunes ?) alias Lyndon Baines Johnson.
C’est en effet à Austin que se
trouve la Lyndon Baines Johnson Library, qui renferme notamment toutes les
archives de sa présidence, selon une pratique initiée pour Roosevelt.
L’endroit, gigantesque, situé dans
l’université du Texas, est bien sûr moins évocateur que le bord de mer où se
trouve la JFK Library à Boston, mais le bâtiment, imposant de taille et très
simple de forme, est impressionnant. On peut en visiter trois des dix étages,
le reste étant occupé par les archives.
L’essentiel de la visite est
consacrée, bien sûr, à LBJ, depuis sa naissance en 1908 à Stonewall (TX), au sein d’une famille de
fermiers, jusqu’à sa présidence qui se terminera en janvier 1969. On y découvre
un homme d’une énergie considérable, chaleureux, une « bête »
politique !
On voit le professeur monter
progressivement les échelons politiques pour devenir le responsable de l’agence
texane de la jeunesse, ce qui lui permet de se faire connaître à une époque où
le chômage fait rage, y compris au Texas.
En 1937, il est élu à la Chambre
des Représentants, où il vient renforcer les supporters du New Deal de
Roosevelt, puis, en 1948, il est élu au Sénat où, là aussi, il gravira les
échelons pour devenir le chef de l’opposition puis en 1954, chef de la majorité
démocrate. Alors homme politique accompli, grand familier des couloirs du
Congrès et de ses manœuvres, il cherche en 1960, d’abord à se faire élire, à la convention
démocrate, comme le candidat du parti et est choisi comme colistier par JFK.
C’est ainsi que le 22 novembre 1963,
il devient président des Etats-Unis conformément à ce que prévoit la
Constitution en cas de décès du Président.
Les grandes étapes de sa
présidence sont retracées : la lutte pour les droits civiques, lancée par
Kennedy, qu’il mène à son terme, en jouant habilement sur l’émotion créée par
le mort de son prédécesseur, puis la lutte contre la pauvreté (The Great
Society) où il œuvre, entre autres, pour une éducation ouverte aux classes
défavorisées et une couverture plus générale en matière de santé (Medicare,
revenu à l’ordre du jour avec les réformes proposées par Obama). Il fait de
« We shall overcome », qu’il reprend de la lutte des droits civiques,
un slogan de sa politique, avant que le chant ne devienne un chant de
ralliement de la contestation de la fin des années 60.
Bref une politique dans la lignée
du sillon crée par Roosevelt !
Mais en même temps, nous sommes
en pleine Guerre Froide et les USA se battent, pas forcément avec succès, sur
toutes les brèches ouvertes par les soviétiques, notamment l’Amérique du Sud
mais surtout l’Indochine. La situation au Vietnam se dégrade, les américains y
envoient de plus en plus de troupes (au total, près de 9 millions de soldats
américains combattront au Vietnam dont 60 000 ne reviendront pas et
150 000 seront blessés).
En outre, la société américaine
(et, plus largement, occidentale) est en train de changer, le consensus social,
fondement des années 50, se délite, les émeutes urbaines se développent (Watts
à LA, Newark, Detroit). Le malaise des classes noires et défavorisées demeurent
malgré les décisions législatives courageuses prises en vue de le combattre.
Tout ceci conduit à des
mouvements de contestations qui conduisent à sa décision de ne pas se présenter
aux élections de 1968 et LBJ quitte le pouvoir pour laisser la place à Nixon
(mais c’est une autre histoire).
A la fin de cette visite, une
question se pose : pourquoi ces presque 5 ans de présidence laissent-ils
un goût d’échec alors que les idées défendues
étaient justes, dans la lignée de celles de FDR, et que son promoteur ne
manquait pas d’entregent politique pour les faire passer. Certes, il s’est
laissé enfermer dans le piège vietnamien dans l’espoir de maintenir un rapport
de force avec l’URSS mais surtout, il n’a pas perçu les changements souterrains
de la société américaine qui se mettait à contester le pouvoir et sa façon
traditionnelle de s’exercer. Robert Kennedy était là pour lui succéder et
redonner espoir aux américains. Malheureusement, ils eurent Nixon !
L’après-midi est bien entamé
lorsque nous sortons du musée. Il est grand temps de manger nos premiers steaks
texans puis de faire quelques courses : nous achetons, enfin, une carte
SIM (nous pouvons être joints au +1 512 785 58 62 mais nous sommes 7 heures en arrière de
vous !) et puis de quoi manger ce soir (ce sera du poisson) et demain.